POÈMES DE MORT DES MOINES ZEN - DAIGU SOCHIKU

Publié le par le bol vide

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DAIGU SOCHIKU

 

(Mort le 16ème jour du 7ème mois de 1669, à 80 ans)

 

Daigu fut élevé dans un monastère zen. Encore jeune moine, une femme lui demanda de célébrer un office funèbre pour son fils. À l'enterrement, elle demanda : "Où mon fils est-il allé ?" Daigu ne sut pas lui répondre, et l'incident le choqua profondément. Il abandonna le monastère et s'en alla pour vivre seul dans les montagnes.

  Daigu aimait boire; on dit qu'il était, par habitude, éméché. Il ne restreignait pas sa parole et insultait les gens en leur parlant. En dépit de son excentricité, ou peut-être à cause d'elle, il attirait des gens de tous les niveaux de la société qui venaient sur la montagne pour l'écouter.

   Daigu s'en fut ensuite à Edo, où il offrit sanctuaire dans son temple à deux femmes, maîtresses d'un daimyo, qu'elles avaient fui. Cette action ajouta encore aux rumeurs qui existaient déjà à propos des relations de Daigu avec les femmes, mais Daigu n'en tint pas compte. À cause du mauvais nom qu'une telle attitude lui procura, sa progression dans la hiérarchie religieuse  fut reportée, mais Daigu ne s'intéressait guère au pouvoir ni à l'autorité. Quand on lui offrit enfin un poste honorable, il le déclina, pour la raison qu'il serait renvoyé de toutes façons, à cause de son caractère spécial.

   Le nom de Daigu, que le moine se choisit, signifie : "grand idiot".

 À son auto-portrait il ajouta ces mots :

" Ce moine est lié par les chaînes de l'ignorance et de la luxure. Il n'était pas capable de suivre la Voie du Bouddha. Comme son nom le dit, ainsi est-il : un grand idiot. "

   Sur son lit de mort, Daigu écrivit les lignes suivantes :

 

Des aiguilles percent mon corps souffrant et ma douleur augmente. Cette vie mienne, qui a été comme une maladie : quel en est le sens ? Dans le monde entier, je n'ai pas un seul ami auprès de qui je peux soulager mon âme. Vraiment, tout ce qui apparaît à l'oeil n'est qu'une fleur qui fleurit en un jour.

   Trois jours avant sa mort, il écrivit un poème court, se louant d'être lui-même "unique dans sa génération". À la fin du poème il écrivit : "trois jours avant". Regretta-t-il de s'être vanté et souhaita-t-il écrire un autre poème ? Il demanda à son assistant, le jour suivant, de lui apporter du papier pour écrire, et comme ce dernier allait le lui présenter, il le frappa. Le jour suivant, Daigu mourut.

 

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Publié dans philosophie

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